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9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 00:18

Georges Abdallah – Cérémonial judiciaire

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Georges Abdallah - Sticker
Georges Ibrahim Abdallah - Liberté Freiheit Freedom

Le jeudi 10 janvier 2013, en fin de journée, France Info, après avoir annoncé la libération proche de Georges Abdallah, titrait « Libération d’Abdallah : rien n’est fait. … Sa prochaine libération conditionnelle avait été annoncée à la mi-journée, sur la foi d’une décision de la Cour d’Appel de Paris. Une décision mal interprétée par l’ensemble des médias. ». Effectivement ce jour-là l’ensemble de la presse écrite, sur le net et audiovisuelle, avait annoncé la libération de Georges Abdallah. Et pourtant aujourd’hui, des mois après cette annonce de libération, Georges Abdallah est toujours en prison, enfermé à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées et rien ne permet d’entrevoir une sortie prochaine.

Que s’est-il passé ? Rien d’exceptionnel dans ce dossier judiciaire. L’Etat français a juste mis en œuvre les moyens qu’il a jugés nécessaires pour empêcher cette libération. Il a usé de tous les artifices possibles et contorsionné la loi pour tout bloquer. Il a fait ce qu’il fait depuis le début de l’affaire Abdallah, c’est-à-dire depuis son arrestation à Lyon il y a une trentaine d’années.

La liste ci-après donne des exemples de mesures, décisions et situations « non communes » de ce dossier.

Georges Abdallah – Un ministre de l’intérieur qui ne signe pas un avis d’expulsion Un des motifs du rejet de la libération de Georges Abdallah en début d’année 2013 serait l’absence d’un avis d’expulsion que devait signer le Ministre de l’Intérieur. Un ministre de l’Intérieur qui ne délivre pas un avis d’expulsion demandé par la justice est un cas rarissime. Et pourtant c’est ce qui s’est passé pour Georges Abdallah.

Georges Abdallah - Une demande de libération rejetée en cassationAprès des années de demandes rejetées, Georges Abdallah a eu donc une demande de libération conditionnelle accordée en première instance et confirmée en appel. Cette demande a été jugée irrecevable en avril 2013 par la cour de cassation. Une libération d’un prisonnier, qui a passé presque 30 ans en prison, annulée en cassation est un cas d’école. Et pourtant c’est ce qui s’est passé pour Georges Abdallah.

Georges Abdallah – Une pétition des membres du congrès Etats-UniensJanvier 2013, 21 membres du congrès Etatsuniens, républicains et conservateurs réunis, écrivent à l’ambassadeur de France aux US pour demander que Georges Abdallah ne soit pas libéré et reste en prison à vie, leur lettre se terminant par un terrible « Please ensure that George Ibrahim Abdallah remains in prison for life. ». Combien de prisonniers en France font l’objet d’une pétition vengeresse de députés et sénateurs Etatsuniens ? Et bien, c’est le cas de Georges Abdallah.

Ce traitement singulier ne date pas d’aujourd’hui. Remontons dans le temps.

Georges Abdallah - La loi modifiée suite à une demande de libération accordée En novembre 2003 la juridiction de la libération conditionnelle de Pau ordonne la remise en liberté de Georges Abdallah. Sans surprise, et sur instruction du ministre de la justice, le parquet fait appel et la libération de Georges est rejetée. Plus exceptionnel est que l’on change la loi pour qu’une telle décision ne puisse plus être prise loin de Paris. L’affaire est évoquée à l’assemblée nationale et la loi est modifiée. Depuis les demandes de libération de Georges Abdallah sont examinées par une cour à compétence spéciale.

En remontant ainsi nous arrivons aux années 80, années des procès.

Georges Abdallah - Des « preuves » trouvées opportunément En juillet 1986 Georges Abdallah est condamné à quatre ans de prison pour détention d’armes et usage de faux papiers. Ayant déjà accompli une partie de cette peine, Georges Abdallah doit alors être rapidement libéré. Mais les Etats-Unis ne l’entendent pas ainsi et font pression. Alors que Georges Abdallah est en prison depuis plusieurs mois, des policiers découvrent un pistolet … Une arme qui aurait servi à des actions des FARL, aurait été trouvée dans un appartement qui aurait été louée par Georges Abdallah. Etrange découverte qui suffit à maintenir Georges Abdallah en prison, à l’accuser de complicité d’assassinats et à le juger de nouveau.

Georges Abdallah – Une puissance impérialiste partie civile Son nouveau procès s’ouvre le 23 février 1987. Fait rare, les États-Unis se sont portés partie civile et ils sont représentés par leur ambassadeur. Au prononcé du verdict, l’Humanité pourra écrire : « Washington a gagné, sous les applaudissements de Tel-Aviv (...). Le procès Abdallah a été de bout en bout piloté pour et par une puissance étrangère ».

Georges Abdallah – Une cour d’assise Spéciale sans jurés populairesLors du procès de 1987, alors que d’ordinaire les jurés d’une Cour d’Assises sont des jurés populaires, Georges Abdallah sera le premier accusé à être jugé et condamné par une Cour d’Assises spéciale uniquement composée de magistrats professionnels, autrement dit de hauts fonctionnaires du Ministère de la Justice.

Georges Abdallah - Une condamnation au-delà des réquisitions Lors de ce procès, l’avocat général requiert une peine de dix années de prison. Fait exceptionnel, la Cour ne le suit pas et prononce une peine de réclusion criminelle à perpétuité.

Georges Abdallah - Un avocat de la défense sous l’emprise des services secrets français En 1987 sort un livre confession de Jean-Paul Mazurier, avocat de Georges Abdallah, qui reconnait avoir été aux ordres des services secrets français. Georges Abdallah a été condamné à perpétuité défendu par un avocat manipulé par les services secret français. Le seul effet de cette révélation sera une peine de trois ans d’interdiction d’exercer pour Mazurier. Théoriquement ce qui constitue une violation complète des droits de la défense aurait dû amener à une révision du procès. Dans le cas de Georges Abdallah rien de tel. Pas de révision. Cette longue histoire judiciaire hors normes de Georges Abdallah, et qui est ici simplement illustré de quelques exemples significatifs, devrait intéresser les médias et faire l’objet de dossiers complets rédigés par des professionnels, des journalistes d’investigation ou des experts du droit français ou international. Il n’en est rien. Justice de classe, médias de classe.

Quant à Georges Abdallah il est de ceux qui restent lucide et inébranlable. Il est sans attente de la justice française : "Tout au long de sa détention, le prisonnier politique fait l’objet d’un traitement d’exception, visant a priori la criminalisation de tout ce qui a trait à la lutte. Des lois scélérates au service de la répression et de la contre-révolution préventive poussent sans cesse comme des champignons en fonction de l’évolution de la crise et de l’activité de l’antagoniste révolutionnaire ; tout naturellement rien ne s’oppose à l’application rétroactive de ces lois, particulièrement quand il s’agit des prisonniers politiques qui refusent de se soumettre." (Georges Abdallah 2012).

L’Etat français montre sa détermination à garder Georges Abdallah enfermé tant qu’il le pourra et ce en usant de tous les outils judiciaires dont il dispose, en allant même à les modifier par la loi si nécessaire. Seule une mobilisation sur le terrain politique peut conduire à la libération de Georges Abdallah.

L’espoir est dans cette signature souvent utilisée par Georges Abdallah« Ensemble camarades et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons… ».

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Georges Ibrahim Abdallah - Liberté Freiheit Freedom

Extrait de la déclaration de Georges Abdallah lors du procès de 1987.

[…] Non, Messieurs, votre Cour est loin d’être apolitique. Non, Messieurs, votre procès loin d’être légitime s’inscrit sur le drapeau légal de la guerre impérialiste menée contre notre peuple, balayant par là même les bonnes intentions de ceux qui jouent les bons offices auprès de vos patrons, ainsi que les illusions de ceux qui ont cru hypocritement que la vipère change de nature en changeant de peau. Avec quelle sérénité et quelle indépendance prétendez-vous juger des actes de guerre en les isolant du processus général de l’agression impérialiste perpétrée contre notre peuple ? Dans quelle mesure, vous, représentants de l’impérialisme français, n’êtes-vous pas impliqués dans cette guerre ? De quel cynisme doit être doté le représentant du criminel Reagan pour se présenter en victime et partie civile à Paris au moment où l’US Navy prépare l’assaut de Beyrouth et autres cités arabes ? […] Je suis ici, Messieurs, pour vous demander simplement de bien vouloir laver vos mains maculées de notre sang et du sang de nos mômes, avant de prétendre nous juger, car celui qui accepte de fouler aux pieds le sang de vingt-cinq mille morts tombés au Liban lors de l’invasion impérialo-sioniste de 1982 ne peut qu’être le complice direct de Reagan et de Begin dans leur guerre d’extermination contre notre peuple. Vingt-cinq mille morts en trois mois à l’honneur de votre paix, quarante-cinq mille blessés à l’honneur de votre justice. Quatre-vingt-dix jours et Beyrouth tenue en champ d’expérimentation des armes américano-israéliennes et pourtant l’administration Reagan est victime et partie civile à vos yeux !…

 

LIEN SITE LE "DESORDRE"

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